Bien beau mon article sur ma nouvelle vie. Comment vivre plus sereinement, accepter mes maladies, mes symptômes pour pouvoir profiter du moment présent.....
Quand je l'ai écrit, j'y croyais ! En fait, j'en suis assez loin.
J'ai commencé ce billet il y a quelques semaines. Ceci explique l'allusion aux beaux jours et la petite « note » printanière.
Il a fait beau pendant quelques jours. C'était bien agréable. Quand les beaux jours arrivaient, la coquette que j'étais achetait de nouveaux vêtements, des robes ou tailleurs colorés avec des chaussures coordonnées. Maintenant je ne sors quasiment plus. Je ne peux faire quelques mètres seule sans tituber, risquer de tomber. Vous imaginez la scène ? Bien habillée, toute en couleurs et là je me mets debout et olé ! J'ai l'impression qu'on ne voit que moi! Par moment, je voudrais être si petite que personne ne me verrait.. Oh bien sûr, je me verrais tout de même alors à quoi bon. Mon regard est tellement sévère, sans pitié! Avoir de la compassion pour soi, voilà une belle idée, ça m'aiderait à vivre mieux. Ne pas entendre une petite voix me dire « bouge toi un peu, pénible...tu ne fais plus rien ! » Ben oui, plus rien ne m'intéresse et je suis toujours vannée ou peut être est ce le contraire . Et puis « regarde toi, de quoi as l'air !! ».
Oups j'ai un peu exagéré, je reste coquette, j'achète tout de même des vêtements colorés, vraiment sympas! Mes pyjamas !
Il y a quelques jours j'ai été témoin d'une scène adorable qui m'a fait sourire. Par un bel après-midi ensoleillé, une petite fille était tranquillement assise dans un grand bac à sable. Elle portait un short sombre, un tee-shirt fuchsia et une petite casquette blanche. En fait, en m'approchant un peu, j'ai constaté que ce n'était pas du sable mais de la terre parsemée de mauvaises herbes. Elle avait une petite pelle, un râteau et une sorte de binette. Elle semblait bien absorbée par son ouvrage. Elle enlevait le moindre brin d'herbe en prenant soin de retirer les racines. Il y avait parfois, des petites mottes de terre qu'elle prenait dans les mains pour les effriter doucement. Charmant tableau paisible, non? Eh bien, c'est ainsi que jardine maintenant. Au printemps, c'est bien je peux m'assoir dans les massifs sans crainte d'abîmer fleurs ou plantes. Cette année, ça a été un peu moins paisible car j'ai émergé de mes chimios assez tard et il y avait déjà pas mal de pousses. Parfois, je regarde le jardin et suis satisfaite de ce que j'ai fait et d'autres fois, je le regarde mais ne vois que ce que je ne peux plus faire. Be oui, un de mes grands plaisirs ans le jardinage était de tailler des arbustes ou petits arbres, de faire d'énormes brouettées de branches et le soir, je regardais le tas de branches et là, j'étais vraiment satisfaite! L'effort physique me permettait de me vider la tête.
Et maintenant?? C'est compliqué! Je suis parfois très en colère contre ce corps qui ne me porte plus, qui n'est plus là pour m'aider quand je vais mal. Parfois, je le déteste tant que je le malmène. Il me crie « stop, arrête ! » mais je ne l'entends pas, je lui demande plus, toujours plus. Un exemple. L'année dernière j'arrivais à marcher une centaine de mètres avec des bâtons norvégiens. Par un froid dimanche de février, j'ai décidé d'aller jusqu'à la mairie. C'est un petit village mais aller-retour ça fait bien 1km. Au grand désespoir de ma petite famille, qui connaît mon vilain caractère, je suis partie en disant que je ne voulais pas d'aide, que je me débrouillerai dussé-je ramper. J'ai vu deux fois mon mari passer en voiture me proposant de me ramener. Mais non, bien sûr que non ! J'ai eu très mal, mes jambes étaient deux chapes de béton, je suis rentrée à la force des bras, je ne sais pas comment les bâtons n'ont pas cédé. C'était très con de ma part. Je ne tenais plus debout, mon corps m'a lâchée en rentrant. J'ai fini sous la couette....et on s'est réconciliés. Une histoire d'amour, quoi ;-).
Et mon passé ? Parlons en !
Un point important tout de même: je ne me dis plus « si j'avais su.... ». Non, j'ai fait ce que j'ai pu.
J'ai voulu fermer la porte au passé car, je ne sais par quel truchement, mes souvenirs sont rarement heureux. J'ai été agréablement surprise il y a quelques jours. J'ai écrit à une amie et lui ai vanté la beauté des plages de la côte d'opale, plages qui me sont très chères. Pendant presque 20 ans j'y ai passé 3 mois par an chez mes grands parents. Me sont revenues alors des tas d'images, d'odeurs. J'aurais presque pu sentir les embruns. Ces souvenirs là sont doux.
J'ai voulu le chasser aussi parce qu'il m'a mené la vie dure ces derniers mois. Des pans entiers de ma vie, relégués au fond du grenier, me sont apparus. J'ai eu l'impression de voir ma vie défiler. On dit qu'on la voit défiler quand on va mourir. Avec le recul, je me dis que quand on pense qu'on va mourir on s'arrête, on se retourne et on la regarde. On prend le temps de se réconcilier avec elle si besoin est. Je peux vous dire qu'il reste encore du boulot! Mais je suis sereine, je crois que j'ai encore pas mal de temps devant moi.
Vous voyez, je suis loin de ce que j'ai pu décrire dans mon dernier article. J'y parviens par moments mais je ne suis pas encore prête pour cette autre vie.
Un jour peut-être...